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Face aux exigences du décret BACS et à la norme NF EN ISO 52120-1 : 2022, le choix du niveau de GTB à mettre en œuvre dans un bâtiment n’est pas qu’une question de performance technique. C’est avant tout une décision stratégique, qui doit prendre en compte la rentabilité des travaux, les objectifs réglementaires, et les contraintes budgétaires propres à chaque secteur.
Comprendre les classes de GTB selon la norme NF EN ISO 52120-1 : 2022
La norme NF EN ISO 52120-1 : 2022 définit les principes d’automatisation, de régulation et de gestion énergétique des bâtiments. Elle remplace l’ancienne norme EN 15232, et établit une classification en 4 niveaux (A à D) pour évaluer l’efficacité énergétique des systèmes de GTB. Ces classes ne représentent pas seulement un niveau de technologie, mais un degré d’intelligence fonctionnelle et d’intégration dans la gestion du bâtiment.
- Classe D (non conforme)
Une GTB de classe D se caractérise par l’absence quasi totale d’automatisation. Les équipements (chauffage, climatisation, éclairage) sont pilotés manuellement ou via des régulateurs autonomes sans communication entre eux. Cette configuration n’est pas conforme au décret BACS, qui impose un pilotage et une supervision automatisés des installations énergétiques. Elle ne permet aucune optimisation dynamique des consommations.
- Classe C (niveau minimal conforme)
La classe C correspond à une GTB disposant de fonctions de régulation automatique et de supervision centralisée. Elle permet de piloter les installations par zones, d’appliquer des consignes horaires, et de suivre les consommations via un superviseur. C’est ce qui peut correspondre au niveau minimal d’exigence du décret BACS, et le plus souvent le plus rentable à court terme. Les économies d’énergie générées proviennent principalement d’une meilleure régulation et d’une réduction des dérives de fonctionnement.
- Classe B
La classe B introduit des fonctions d’optimisation énergétique, telles que la modulation des consignes en fonction de l’occupation, de la régulation modulante, pièce par pièce, avec communication, ou encore la gestion automatisée de la demande énergétique. Elle nécessite une architecture plus intégrée, des capteurs supplémentaires et une infrastructure de communication performante.
Ce niveau convient aux bâtiments à haute exigence énergétique ou à ceux soumis à des politiques RSE ambitieuses.
- Classe A
La classe A représente le niveau d’excellence. Les systèmes utilisent des algorithmes d’auto-apprentissage, des modèles prédictifs et des interfaces d’interopérabilité étendue (IoT). Une GTB de classe A est capable d’anticiper les besoins énergétiques, d’adopter une régulation individuelle par pièce en fonction de l’occupation, d’adapter son comportement en temps réel et d’interagir avec d’autres systèmes (mobilité, production locale, stockage, smart grid). Ce niveau est généralement réservé aux bâtiments neufs, aux rénovations lourdes ou aux sites à très forte valeur d’usage.
Classe C : conforme et souvent plus rentable
Contrairement à une idée reçue, la classe C est pleinement conforme au décret BACS, tandis que la classe D ne l’est pas. Dans de nombreux cas, notamment dans des bâtiments tertiaires, hospitaliers ou d’enseignement, une GTB de classe C constitue le meilleur compromis entre coût d’installation, simplicité d’exploitation et performance énergétique.
Souvent, elle peut être déployée sans rénovation lourde, en s’appuyant sur les infrastructures existantes (régulateurs, automates, sondes) et une simple mise à niveau logicielle avec superviseur centralisé.
Grâce à un investissement initial modéré, la classe C présente un retour sur investissement plus rapide que les niveaux supérieurs. Dans un contexte de réduction des aides CEE et de pression budgétaire, cet atout est décisif. Les économies proviennent principalement d’une régulation plus fine : extinction des systèmes en période d’inoccupation, gestion horaire, ajustement automatique des consignes.
Le décret BACS impose qu’à partir du 1er janvier 2025, tout bâtiment tertiaire disposant d’une puissance de chauffage ou de climatisation supérieure à 290 kW soit équipé d’une GTB de classe C minimum. Son adoption garantit donc la mise en conformité réglementaire immédiate et prévient tout risque de sanction. A partir du 1er janvier 2017, le décret BACS impose que tous les bâtiments tertiaires disposant d’une puissance énergétique entre 70kW et 290kW soient équipés d’une GTB.
Enfin, la simplicité des architectures de classe C se traduit par une maintenance allégée. Les équipes techniques peuvent assurer l’exploitation courante avec peu de formation, ce qui limite les erreurs de manipulation et renforce la fiabilité du système sur le long terme.
Classes B et A : à réserver aux projets à forte ambition
Les GTB de classes B et A intègrent des fonctionnalités avancées, mais leur déploiement suppose un investissement plus important et une organisation technique adaptée.
Elles trouvent leur pertinence dans des contextes spécifiques où la performance énergétique est un levier stratégique et non seulement réglementaire.
Cas typiques d’application
- Bâtiments neufs : intégration native des automates, réseaux de capteurs et protocoles ouverts dès la conception.
- Rénovations lourdes : remplacement global des équipements techniques, permettant l’installation d’une GTB de dernière génération.
- Sites multi-bâtiments : gestion centralisée de plusieurs entités (campus, hôpitaux, universités) nécessitant interopérabilité et supervision unifiée.
- Démarches HQE, BREEAM, LEED, ISR ou ESG : certification ou reporting extra-financier fondé sur la mesure continue des performances.
- Exploitation internalisée : présence d’équipes techniques formées capables d’interpréter les données et d’ajuster les stratégies de pilotage.
Les GTB de classe B ou A introduisent :
- la gestion par scénarios dynamiques (adaptation selon l’occupation, la météo ou la qualité d’air) ;
- le pilotage prédictif basé sur l’analyse historique et l’intelligence artificielle ;
- la communication inter-systèmes via des protocoles ouverts (BACnet, Modbus, KNX, MQTT) ;
- la maintenance prédictive grâce à la détection automatique des dérives et des anomalies.
Si ces fonctions permettent des économies d’énergie additionnelles, leur pertinence doit être évaluée au regard du coût d’investissement et de maintenance.
Dans un contexte marqué par la réduction progressive des aides CEE, la hausse des coûts d’énergie et les contraintes budgétaires, il est essentiel d’adopter une approche pragmatique du choix de GTB. Le niveau de performance doit être choisi en fonction du besoin réel du bâtiment, non selon la promesse technologique. La GTB de classe C s’impose aujourd’hui comme la solution de référence pour de nombreux bâtiments (Conforme au décret BACS, économiquement accessible, facile à maintenir et suffisamment performante pour répondre aux exigences réglementaires).
La montée en gamme vers la classe B ou A doit résulter d’une démarche d’optimisation globale, intégrée à la stratégie énergétique du site, et non d’une logique de suréquipement.
